Quand Andrew Jefford découvre les vins australiens

Publié le par julie & jacques

ITW Andrew Jefford / 09 août 2009-08-30 

1) Quelle a été votre plus grande surprise concernant les vins depuis que vous êtes arrivés en Australie ?

Le prix du vin a été un grand choc. N’importe quel vin sérieux ou ambitieux coûte toujours 20$ et plus ici, ce qui, vu le taux d’échange plutôt bas, se traduit par 10 livres anglaises… Alors qu’au Royaume-Uni, on peut acheter des vins de terroirs intéressants pour 6 ou 8 livres sans trop de difficultés. Les vins importés sont follement chers, ce que je ne comprends pas encore très bien, si ce n’est que rassembler des containers de petits lots de 10 caisses ici et 5 caisses là serait coûteux.

Pour le reste… Les surprises incluent le fait qu’il ait si peu de domaines ici, et que beaucoup semblent débordées– ce qui a un impact majeur sur les styles de vins rouges, car alors peu ‘entre eux profitent d’ une longue macération. (Beaucoup de contrats stipulent une fermentation de 5 jours !).
Ca veut dire aussi que beaucoup de petits domaines s’appuient sur des vignerons contractuels, ce qui n’est jamais l’idéal d’un point de vue esthétique, même si ça a du sens économiquement (comme dans les coopératives européennes). Je suis encore surpris de l’étendue de la pratique de la récolte mécanique et le manque de tri des grains, même pour les vins assez chers. On voit ensuite plein de fruits écrasés, petioles, etc.
L’acidification est un problème récurrent, mais pas une surprise. La surprise c’est que l’équilibre (des taux d’acidité et du Ph) n’ont pas évolué ici depuis 20 ans, alors même qu’ils ont changé de façon substantielle partout ailleurs dans le monde. Les gens sont encore très mal à l’aise avec des taux d’acidités en dessous de 5 et des Ph de plus de 3,6, alors que c’est devenu banal ailleurs. C’est une des raisons principales qui font que les vins australiens sont taxés de « tous les mêmes » sur des marchés comme l’Angleterre.

2) On voit dans votre blog que vous avez visité quelques domaines bio/biodynamiques. Pensez-vous que la culture bio est l’avenir des vins australiens ? Ou qu’au moins, ils influencent la vinification dans le pays ?

Ils font du super boulot, mais je ne crois pas qu’ils ont beaucoup d’influence encore. Parce que le mode de pensée prévalent ici est avant tout pragmatique et rationnel, centré avant tout sur la production et la transformation, et parce que la structure industrielle est dominée par les gros joueurs (= gros volumes).

3) Pensez-vous que c’est une bonne idée de dessiner une carte des terroirs et sous-terroirs en Australie ? Est-ce que ça veut dire quelque chose, ou est-ce juste un concept européen adopté par le marketing ?

C’est une idée géniale, parce que le régionalisme (ou les terroirs), ça veut dire évolution dans le monde du vin. Cependant, c’est un très long voyage, que nous avons à peine entamé. Beaucoup de gens proclament qu’ils sont intéressés et respectueux du terroir, mais quand vous regardez dans le détail de ce qu’ils font, vous réalisez qu’ils continuent d’opérer de façon conventionnelle dans le vignoble et dans la cave. Dans ce cas, le terroir est simplement un exercice de marketing, ce qui veut dire que beaucoup continueront de « goûter tous pareils » et que les consommateurs deviendront méfiants face à l’idée de terroir australien. Néanmoins, ceux qui comprennent les enjeux et ce que le concept de terroir veut réellement dire font de l’excellent travail.
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